Le Caprice est une forme artistique qui, depuis son essor au cours du XVIème siècle, n’a cessé de ressurgir dans l’art de façon endémique et inopinée. Transcendant les siècles et dépassant les cloisonnements génériques, le Caprice, œuvre littéraire, musicale ou picturale, ne se reconnaît d’autre spécificité que de manifester l’humeur de son auteur. Derrière ces diversités, un Caprice unique peut-il se faire corps, mettant en évidence un genre capricieux, aussi mineur soit-il ? Par ailleurs, l’impact incontestable des Caprices de Goya dans la création ibérique place au cœur de la problématique l’existence d’un Caprice espagnol, qui affirmerait sa dette à l’égard du peintre aragonais. Mais est-il licite d’envisager le Caprice dans sa particularité hispanique, ou doit-on le considérer en tant qu’entité supranationale ? À moins que sa capacité à renverser les codes en vigueur, à subvertir les normes génériques, ne l’autorise même à se hisser au-dessus des limites des arts et, par-delà les discordances de surface, à imposer une forme de « supra-généricité », de transcendance du Caprice …