Conformément aux doctrines conjugales post-tridentines et en pleine Querelle des femmes, la soumission de l’épouse à son mari apparaît comme la condition d’un mariage harmonieux. Le mari dispose légalement d’un droit de correction sur son épouse et cette dernière lui doit obéissance et respect. Cependant, les archives judiciaires révèlent quelques cas d’épouses insoumises, accoutumées à « porter la culotte » dans le foyer. Ces femmes « déviantes » sont ainsi accusées de bouleverser l’ordre social et la hiérarchie sexuelle. Mais, l’analyse d’interrogatoires, de lettres de rémission et de condamnations ne laisse entrevoir que les cas les plus graves de violence féminines : ceux qui se terminent par le meurtre du conjoint. Bien que rares et souvent mal informés, ces uxoricides, par leur caractère « monstrueux », tiennent une place de choix dans les « canards sanglants » de la fin du XVIe siècle. Cependant, les maris battus apparaissent essentiellement dans des pratiques en marge de la justice : en effet, rares sont ceux qui portent devant les tribunaux la désunion de leur couple. Des pratiques infrajudiciaires, telles que les chevauchées sur l’âne, prennent donc le relais de la justice criminelle. Et c’est le mari, accusé de s’être laissé déposséder de son autorité maritale, qui en subit la rigueur. Comment expliquer que pour rétablir l’ordre conjugal, les communautés rurales ou urbaines en appellent à une justice parallèle plutôt qu’aux structures officielles ? Ces condamnations symboliques du désordre sont révélatrices du poids des normes conjugales dans la société française d’Ancien Régime.