De nombreux travaux nous renseignent sur les consommations de produits alimentaires. En revanche, les modes de transformation domestique de ces produits, ainsi que les conditions dans lesquelles les ménages en jettent une partie, restent peu explorés. Nous partons du principe que les différentes étapes du travail domestique de gestion des denrées alimentaires (approvisionnement, cuisson, stockage, mise au rebut…) sont révélatrices de figures du comestible et du non comestible, socialement et culturellement construites. En effet, à chacune de ces étapes s’opère un tri des aliments considérés comme propres ou impropres à la consommation, ou un travail visant à rendre mangeables certains d’entre eux. On s’interrogera sur les liens entre figures du comestible et usage de produits plus ou moins transformés par l’industrie d’une part et maîtrise de techniques culinaires d’autre part. L’articulation entre transformation industrielle et transformation domestique pour produire du comestible apparaît comme la résultante de différentes formes d’organisation quotidienne. Notre communication s’appuie sur les résultats d’une enquête par questionnaire réalisée en 2011 auprès d’environ 800 ménages franciliens d’âge actif, centrée sur la préparation des repas quotidiens.