Pour une latiniste, la question de la corrélation relève du paradoxe : d’un côté, depuis le célèbre article de Jean Haudry de 1973, qui reprenait et popularisait en les appliquant au latin les analyses faites par Armand Minard à propos de la phrase védique, tout latiniste a le sentiment de savoir ce qu’est la corrélation et de pouvoir l’illustrer par des exemples prototypiques ; d’un autre côté, le ou la linguiste – fût-il ou fût-elle latiniste – ne peut ignorer l’abondante littérature qui continue d’explorer la notion et de tenter d’en définir précisément les contours et le fonctionnement. Il y a donc un véritable problème de délimitation de l’objet d’étude, dû à un flou définitoire et à l’absence de propriété syntaxique et/ou sémantique suffisamment caractérisante. La présente étude tente de répondre à ce paradoxe dans le cadre d’une analyse énonciative. A travers l’examen précis des marqueurs des diptyques corrélatifs, appréhendés comme les traces d’opérations énonciatives primaires, on propose de circonscrire ainsi le champ de la corrélation : serait corrélative toute structure propositionnelle binaire dont les deux termes sont interdépendants via une variable liée. On montre que cette propriété est nécessaire et suffisante. On souligne le fait que cette relation étant une relation d’identification qui construit un terme repère et un terme repéré, elle est nécessairement asymétrique. Le modèle permettant de rendre compte de ce type de structure est celui d’une coordination syntaxique asymétrique associé à une subordination sémantique. Pour terminer, on montre en quoi la propriété retenue permet d’opérer une classification satisfaisante des structures candidates à être corrélatives en latin.