Établissement ayant fait de la promotion sociale du travail une de ses missions fondamentales, le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) a une longue tradition de formation aux diplômes d’ingénieurs puisqu’en 1924 fut délivré le premier diplôme d’ingénieur en métallurgie. Aujourd’hui, ce sont près de 1000 diplômes d’ingénieurs dont 30% en apprentissage qui sont délivrés chaque année. Une part non négligeable de ces diplômés a réalisé un premier cycle universitaire dans un des pays du Maghreb. L’objectif de ce chapitre est de retracer justement les trajectoires individuelles, sociales et professionnelles des ingénieurs maghrébins formés au CNAM en s’appuyant sur des données quantitatives recueillies auprès de l’union des ingénieurs CNAM et sur une enquête exploratoire sous forme d’entretiens semi-directifs avec des ingénieurs maghrébins diplômés du CNAM. Nous nous interrogerons tout particulièrement sur leurs représentations du CNAM et de ses formations ainsi que sur leur devenir professionnel une fois le diplôme en poche. Ces diplômés formés dans le cadre de la formation continue ont-ils tout de même en tête le modèle de réussite que les élèves maghrébins qui sont admis dans les écoles d’ingénieurs « classiques » après un passage en classes préparatoires ? Partagent-ils la même représentation de leur formation d’ingénieur, à savoir celle de la voie des élites ?