Dès la première page, le ton est donné. Dans ce livre, Yves Citton vise à montrer l’existence d’une convergence entre les approches et les démarches scientifiques avec les sensibilités littéraires, dont dépend le sort de nos démocraties à venir. Son but est de proposer une réflexion procédurale sur les propriétés des arènes de dialogues entre scientifiques et « profanes » dont on attend qu’elles résolvent les controverses technoscientifiques qui sont, de fait, cosmopolitiques. Depuis Galilée, le champ des controverses s’est déplacé de la connaissance en elle-même aux effets induits des applications technologiques auxquelles elle peut donner lieu. Effets qui, certes, sont souvent positifs, mais aussi, parfois, beaucoup plus contestables. Le scientisme, intégrisme comme un autre, ne serait-il pas, par conséquent, de refuser le tumulte du dialogue avec la société au prétexte que la science n’est pas une instance démocratique, que la société ne serait pas assez « savante » ou trop conservatrice et frileuse ? Le fait est, qu’en démocratie, la société est seule dotée de la légitimité à détenir le pouvoir souverain de décider du monde dans lequel elle veut vivre alors que les scien- tifiques tout comme les multinationales technoscientifiques n’en ont aucune pour imposer leurs vues et leurs applications, sans discussion, au nom d’une Science conçue comme pourvoyeuse de promesses illimitées de progrès perpétuel.