La voix chuchotée est caractérisée par la production d’un bruit laryngé intelligible en l’absence de vibration des plis vocaux. Deux types de voix chuchotée ont été décrits dans la littérature : la voix chuchotée « silencieuse » et la voix chuchotée « forcée » [1]. Notre hypothèse de travail est que la voix chuchotée « forcée » partage avec l’effort vocal de nombreuses caractéristiques. Deux hommes (parmi les auteurs) ne présentant aucune pathologie vocale ou auditive ont participé à la première expérimentation concernant la pression sous-glottique réelle. Cette dernière était recueillie par l’intermédiaire d’un cathéter placé à travers la membrane crico-trachéale. Le signal électroglottographique et les paramètres acoustiques objectifs étaient également recueillis grâce à la station EVA®. La seconde étude a analysé le comportement vocal et postural de 20 femmes de 20 à 43 ans indemnes de problèmes posturaux, vocaux ou auditifs, en condition de voix chuchotée. Les modifications posturales segmentaires ont été enregistrées par un système numérique infrarouge 3D et d’analyse du mouvement (système SMART®). Les paramètres acoustiques objectifs, recueillis grâce à un micro-casque, et le signal électroglottographique étaient enregistrés et analysés grâce à la station EVA®. Aucune onde électroglottographique n’a été mise en évidence au cours de la production de voix chuchotée, dans les deux expérimentations. Dans les deux expériences, l’intensité de la voix chuchotée est plus faible que celle de la voix parlée (p<0.0001). L’intensité de la voix chuchotée « silencieuse » est également plus faible que celle de la voix chuchotée « forcée » dans la première expérimentation. La pression sous-glottique (expérimentation 1) augmente significativement entre les conditions de voix chuchotée silencieuse, voix parlée, voix chuchotée forcée (p<0.0001). Les mouvements du tronc (expérimentation 2) sont significativement plus importants dans le plan sagittal (flexion vers l’avant) au cours de la production de la voix chuchotée qu’au cours de la voix parlée (p<0.001). Ces deux expériences confirment l’hypothèse de départ. Il existe des similitudes entre l’effort vocal et la voix chuchotée dite forcée. La voix chuchotée « silencieuse » par contre ne présentait pas ces caractéristiques. Ainsi, la voix chuchotée forcée se rapproche fortement du comportement d’effort vocal. Son usage doit être déconseillé au cours des périodes de repos vocal, afin que le patient n’acquière pas (et ne pérennise pas) un comportement de forçage vocal. [1] Références Monoson, P. & W.R. Zemlin, WR. (1984). Quantitative study of whisper. Folia phoniatrica, 36(2) : 53-65.