L’importance de la biodiversité pour le fonctionnement des agrosystèmes et les services écosystémiques font de son maintien dans les paysages agricoles un enjeu majeur. Les études sur l’effet du paysage sur la biodiversité se focalisent généralement sur les habitats semi-naturels et considèrent des phénomènes de complémentation avec les éléments cultivés. Pourtant, des travaux récents suggèrent qu’il pourrait y avoir une complémentation spatio-temporelle entre différents types de cultures (e.g. culture hiver / printemps) qui offriraient des ressources asynchrones. Nous faisons l’hypothèse que les blés et maïs sont favorables aux carabes à différentes périodes et sont complémentaires dans le temps, ce qui implique des dynamiques de population à l’échelle du paysage. Ainsi, l’effet de la composition (surface) et de l’organisation spatiale (longueur d’interfaces blé/maïs) de ces couverts sur les communautés de carabes a été testé. Des parcelles de blé et de maïs ont été échantillonnées dans 20 paysages. La quantité et la configuration des prairies et des éléments boisés ont aussi été pris en compte. La richesse et l’activité-densité des carabes sont plus élevées dans le blé que dans le maïs au printemps. La plupart des espèces sont présentes dans les deux cultures, mais certaines sont spécifiques au blé ou au maïs. Le paysage n’a eu aucun effet sur la richesse au printemps mais les résultats montrent que l’adjacence entre les éléments boisés et cultivés augmente l’activité-densité dans les blés et maïs. Les interfaces blé/maïs diminuent l’activité-densité du blé, sans doute par un effet puits du maïs sur les populations de carabes du blé. La composition des communautés de maïs diffère légèrement entre le printemps et l’automne. Ces différences semblent liées à un effet de la phénologie des espèces puisque des espèces dites tardives ont été trouvées dans le maïs à cette période. Un effet positif des interfaces boisé/culture sur la richesse suggère que ces espèces viennent des éléments boisés. Nous n’avons pas montré d’effet complémentation entre couverts cultivés, mais différentes espèces peuvent profiter du blé et du maïs, ce qui augmente la diversité gamma totale.