L’intégration dans les activités agricoles des fonctions de transformation et de commercialisation apparaît aujourd’hui comme une solution aux difficultés rencontrées par les secteurs agricoles des pays industrialisés. Nombre d’initiatives foisonnent, en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, dans tous les types d’espaces, en zone rurale, à proximité des villes voire dans la ville. Portée par les consommateurs, les agriculteurs eux mêmes ou par les politiques, elle se cristallise autour de la notion de circuits-courts qui reflète un processus de reconstruction d’une proximité perdue entre producteurs et consommateurs. Le développement apparent des circuits courts alimentaires tient pour beaucoup au foisonnement d’innovations certes, mais surtout au relais efficace des médias, lesquels sont friands d’initiatives originales et de sujet de débat. Outre la diversification du travail et des métiers accueillis par l’exploitation agricole, le développement de ces circuits-courts a pour corollaires une double reconfiguration à la fois physique et sociale des chaînes d’approvisionnement alimentaires. Si elle autorise la résurgence de liens directs entre producteurs et consommateurs, liens mis sous l’éteignoir par la modernisation du système agroalimentaire durant la seconde moitié du 20ème siècle au prix d’une forte division du travail entre catégories d’entreprises, cette résurgence appelle une longue série de questions tant sur le bénéfice social de ces systèmes de production que sur la consubstantialité des innovations proposées à l’agriculture. Les interrogations tant des agents économiques que de la science régionale sont d’autant plus fortes que l’on connait les circuits-courts de façon encore très imprécise sur le plan de leurs impacts techniques, économiques, sociaux, environnementaux et territoriaux.