Son extinction est annoncée. L'intérêt que lui portent biologistes, psychologues, philosophes et anthropologues explique pourtant qu'un bon nombre d'entre eux s'impliquent dans les programmes de conservation animale. Cette valeur scientifique se trouve cependant très souvent en conflit avec les besoins de développement de l'Indonésie. Deux rhétoriques s'opposent. Les tenants de la conservation multiplient les annonces alarmistes, à tel point que l'on se demande comment l'espèce n'a pas encore disparu. Du côté de l'économie, gouvernement et entreprises prétendent développer un désert vert pour le bien commun – une prétention assez ancienne malheureusement démentie par la stagnation sociale du pays. Le présent article ne prétend pas donner l'échéance de l'extinction des orangs-outans de Bornéo. Il veut plutôt prendre la mesure du dommage – scientifique et au-delà – puis analyser les facteurs menant à cette disparition. L'analyse nous conduira enfin aux acteurs de ce processus et à leurs rapports de force.