Au XIVe siècle, au cours de sa « marche vers le sud », le peuple kinh s’installe dans l’actuelle province de Thừa Thiên Huế. Mais, à l’époque coloniale, au début du XXe siècle, la frontière entre celle-ci, rattachée à l’Annam, et le Laos demeure floue. De cette période à aujourd’hui, cette zone limitrophe, dont les bornes se sont précisées, a connu des déplacements de population. Quels en sont les facteurs ? Fruit de recherches doctorales (Robert, 2011), cette proposition retrace les évolutions majeures qui ont affecté cette zone frontalière et les mouvements de ses habitants, afin d’en identifier les causes. Elle se fonde sur l’analyse de la littérature, de données d’archives et de témoignages collectés auprès de villageois. Relevant de la région montagneuse de Thừa Thiên, la zone frontalière, nommée A Lưới, est peuplée par des ethnies minoritaires à l’époque coloniale (1885-1954). Ce sont des peuples semi-nomades qui changent régulièrement de terres cultivées, parfois aussi de terres résidentielles. A partir de 1954, la guerre éclate et la région d’A Lưới en devient un des théâtres majeurs ; pendant la guerre du Việt Nam surtout (1961-1975), les combats y sont intenses : bombardements, épandages d’herbicides… Sillonnée par la piste Hồ Chí Minh – réseau qui s’étend de part et d’autre de la frontière –, A Lưới est une zone refuge pour les Việt Cộng. Face aux combats, les montagnards fuient ; ils désertent la vallée d’A Lưới et se rapprochent du Laos. En 1975, la guerre prend fin et ces peuples semi-nomades sont confrontés à un nouvel évènement. Ils sont sédentarisés par le gouvernement vietnamien qui souhaite assoir son autorité. Parallèlement, il encourage la venue dans la région de familles kinh qui sont regroupées dans des Nouvelles Zones économique. L’objectif est de sécuriser cette zone frontalière. Robert, A., 2011, Dynamiques paysagères et guerre dans la province de Thừa Thiên Huế (Việt Nam central), 1954-2007 - Entre défoliation, déforestation et reconquêtes végétales, Thèse de doctorat soutenue le 3 décembre sous la direction de J.-P. AMAT, Université Paris-Sorbonne, 1 172 p. + Atlas (159 p.)