Depuis les années quatre-vingt-dix, la réflexion sur les droits des élèves s’est accélérée, en rapport avec un contexte sociopolitique marqué par la signature de la convention internationale des droits de l’enfant et les grèves lycéennes. Les élèves sont dès lors censés accéder à des formes de citoyenneté scolaire, avec notamment la création de nouvelles instances participatives. Mais l’expérimentation de la citoyenneté a-t-elle tout son sens au vu du fonctionnement actuel des établissements scolaires ? Le fréquent sentiment d’injustice suscité par des pratiques de gestion disciplinaire souvent arbitraires et humiliantes, cumulé à l’expérience très mitigée de la participation à la vie de l’établissement, fait obstacle à l’appropriation par les élèves de la notion de citoyenneté scolaire. En outre, alors que l’individualisme est le modèle dominant à l’école, l’engagement dans la vie de l’établissement est souvent perçu comme peu rentable. Pour l’institution scolaire, favoriser l’engagement citoyen et dépasser l’individualisme de l’élève, que par ailleurs elle encourage au quotidien, demeure une question ouverte.