L’analyse de la filière alimentaire des Bouches-du-Rhône fait état d’un ensemble d’expérimentations en matière de circuit alimentaire qui sont l’expression d’actions collectives citoyennes environnementales en milieu urbain. Parmi cet ensemble d’initiatives apparaissent des formes de cycle court tels que les marchés paysans de plein vent, des points de vente collectifs, des associations de maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) (certaines sont même portées par des étudiants), des coopératives d’achat solidaire, des épiceries paysannes de quartier, des entreprises de paniers de fruits et légumes diversifiés à la demande… Ce chapitre vise à analyser comment l’émergence dans l’aire aixo-marseillaise de ces circuits alternatifs de la filière agricole (production/commercialisation/consommation) participe d’une forme dynamique de développement urbain durable qui est liée à une compétence territorialisée et appelle à une redéfinition des liens Ville/Nature. La démarche est étayée par une ethnographie de trois terrains locaux - un marché paysan et une épicerie agricole à Marseille ainsi qu'une AMAP étudiante à Aix-en-Provence. Elle vise à établir des liens entre l’émergence de ces initiatives et le dépassement de certains clivages et distanciations symboliques qui affectent les représentations des mondes urbain et rural (à travers l’influence de la globalisation et de la maximisation de la chaine de production agricole). Il s’agit également de percevoir comment l’ensemble de ces pratiques, reflets de la campagne en ville, témoignent d’une réappropriation symbolique de la Nature par les citadins et appellent à une symbiose entre cadres de pensée et d’action urbain et rural.