Dans les domaines de l’enseignement et de l’entraînement en gymnastique sportive, les prescriptions adressées aux élèves et aux gymnastes portent le plus souvent sur des indications de formes du corps. Pour faire apprendre correctement, les intervenants structurent notamment leurs consignes autour d'un couple de termes opposés : rectitude-rigidité et déformation-relâchement (Cizeron & Gal-Petitfaux, 2005). Une telle prescription de normes gestuelles et posturales dans la transmission des techniques sportives a été critiquée et même taxée péjorativement de « formelle » et de « techniciste » (Garassino, 1980). La critique majeure qui a été avancée est celle d'une conception de l'apprentissage moteur réduite à la mécanique d’un corps-machine, dissociée d'un sujet-vivant apprenant. Les travaux de type didactique se sont penchés sur cette question, notamment pour poser en termes davantage fonctionnels les apprentissages gymniques, et en s’intéressant aux significations de ses actions pour le sujet apprenant (Goirand, 1987). Néanmoins, cette opposition entre approche « formelle » vs approche « fonctionnelle » des apprentissages moteurs reste à interroger. À cette fin, nous avons cherché à analyser les prestations de gymnastes de différents niveaux de pratique en croisant des données de type « objectives » ou « formelles » (i.e. résultant d’une description externe de l’activité du gymnaste) et celles émanant du compte rendu subjectif que le gymnaste peut faire de son action.