Discours et retenue dans les poèmes de Seamus Heaney
Résumé
Le contrôle claudique sur ses deux béquilles, celle de la vérification française, et cette autre, deuxième, de l'anglaise retenue. E cela que la poésie, on le dit, est censée ne pas être étrangère à la vérité, il y a chez elle (surtout chez Heaney) une valeur de test des idées, fût-ce seulement parce que leur expression discursive y est poét(h)iquement dégraissée et mise à trébucher, pour savoir un peu si elle tient debout. Outre ses quelques recueils de vers, Heaney est l'auteur de deux ouvrages théoriques qui, comme toutes théories, font l'exposé de ses valeurs, tendances et convictions, que tout critique ou commentateur bien élevé est silencieusement invité à retrouver quand il lit ses poèmes. Déjà, il faut s'arrêter aux titres de ces deux ouvrages, qui pour eux-mêmes appellent un exégèse qui suffirait presque à en cerner le contenu. Il s'agit de The Government of the Tongue (1988) et The Redress of Poetry (1995). Ces deux titres sont des tourniquets de sens.