Etudier la paléodémographie d’une population moderne à partir d’une série archéo-anthropologique et des archives historiques contemporaines permet de discuter des sources et de leur représentativité. Mais comment caractériser une population à partir de seuls restes osseux de ses défunts ? Le cimetière de la chapelle Notre-Dame de la Mer à Fos-sur-Mer présente ce double intérêt : 470 individus mis au jour sont datés du VIIe au XIXe siècle et 421 actes de sépultures issus des registres paroissiaux compris entre 1568 et 1779 (dont 53 ans de lacune) ont été dépouillés. La période médiévale (VIIe-XIVe siècles) est dissociée de l'Epoque moderne (XVe-XIXe siècles), période d’apparition des registres paroissiaux. Une fois l’âge au décès des immatures estimé, le principe de minimisation des anomalies appliqué (Sellier 1995; Sellier 1996) et la répartition la plus probable correspondant au modèle de mortalité préindustriel sélectionnée (Masset 1975), les quotients de mortalité obtenus sont comparés aux quotients de la table-type de mortalité d'entrée Q=D5-14/D20+(Séguy et al. 2006). Deux « anomalies démographiques irréductibles » (Sellier 1995; Sellier 1996) ont mises en évidence: la sous-estimation de la mortalité des immatures décédés avant l’âge de cinq ans, phénomène bien documenté (Bocquet et Masset 1977), bien que dans le cas présent, les processus taphonomiques et les pratiques funéraires ne semblent pas pouvoir être mis en cause. Les très jeunes immatures ont peut-être été inhumés dans un autre lieu pour la période moderne car ce biais apparaît aussi dans l’étude des registres paroissiaux. D’autre part, la mortalité des 15-19 ans est sous-estimée pour l’époque moderne. Nous pouvons supposer que la fouille exhaustive du cimetière livrera les effectifs manquants, d’autant que cette anomalie n’apparaît pas dans les archives historiques.