Le foreur de tiges Sesamia nonagrioides (Lefèbvre) (Lepidoptera : Noctuidae) est un ravageur important du maïs en Europe méditerranéenne et dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest sub-saharienne, mais pas en Afrique de l’est où il vit sur des plantes hôtes sauvages le long des cours d’eau. L’échantillonnage des espèces de Sesamia dans les champs de maïs en Côte d’Ivoire durant cinq ans a révélé de fortes densités de S. nonagrioides dans les regions forestières du sud du pays, et montré qu’elle était absente des cultures dans la moitié nord du pays, une region de savanes où Sesamia calamistis était le ravageur dominant. Une analyse de régression a montré que la pluviométrie et la température expliquaient 81% de la variation de la densité de S. nonagrioides dans les champs de maïs. Ce modèle prédit une absence d’infestation dans les conditions fraîches et sèches d’Afrique de l’est. Cette conclusion est en accord avec les résultats de l’étude de migration réalisée à partir de genes mitochondriaux et qui a montré que l’espèce ne se déplaçait beaucoup que le long des cours d’eau en Afrique de l’est. En France méridionale, où S. nonagrioides est un ravageur du maïs, le modèle prédit une absence d’infestation. Cette contradiction peut être expliquée par (1) la selection d’individus adaptés à un climat froid et sec, (2) la diapause, qui n’a lieu qu’en region palearctique et (3) une possible diffusion par l’homme. Les premiers dégâts sur maïs dus à cette espèce en France ont été signalés en 1836, et aucune mention de tels dégâts n’est faite dans l’ouvrage très complet de Parmentier sur le maïs datant de la fin du XVIIIeme siècle. Les temperatures froides du petit âge glaciaire peuvent expliquer qu’aucune infestation des champs de maïs n’avait lieu à cette époque. En Afrique de l’ouest, S. nonagrioides est absente des pays à l’est du Togo, malgré des conditions climatiques favorables, ce qui est vraisemblablement dû au “Dahomey gap”, une region sèche qui divise la forêt ouest-africaine en deux blocs.