Si la prescription destinée aux enseignants se traduit en premier lieu sous la forme des programmes scolaires, elle ne se limite pas pour autant à encadrer le volet didactique de l’activité des enseignants en référence aux différentes disciplines enseignées à l’école, au collège ou au lycée. Elle concerne aussi la dimension éducative du métier et notamment les « formes scolaires non disciplinaires » auxquelles se rattache l’éducation à la santé. Cet article est centré sur la question de la prescription dans ce champ spécifique. L’analyse des textes disponibles montre que si la prescription est abondante et multiforme on peut néanmoins l’organiser autour de trois pôles. Il s’agit d’abord des programmes scolaires centrés sur les connaissances biologiques. On trouve ensuite des circulaires qui prônent une approche large visant l’émancipation (donner les moyens de choix libres et responsables en matière de santé) et la création de conditions de réussite de tous les élèves (via le développement des compétences personnelles, sociales et civiques et la création d’un environnement scolaire favorable). Enfin, ont été publiés une multitude de textes thématiques répondant à une problématique sociale mais ne prenant pas place dans un projet structuré. Dans un second temps, l’article développe les résultats des études conduites sur la réception de cette prescription et qui montrent qu’elle est quasiment absente de l’horizon professionnel des enseignants. Cela ne signifie pas que ceux-ci ne contribuent pas à l’éducation à la santé des élèves mais qu’ils le font en référence à l’idée qu’ils ont de leur mission plutôt qu’en réponse à une injonction clairement identifiée. Cette analyse conduit à proposer des éléments de mise en perspective de la prescription et la formation des enseignants dans le domaine de l’éducation à la santé.