Evaluation des prises de décisions arbitrales par et dans les médias au cours des quatre dernières coupes du monde de football : l’exemple du quotidien « l’Equipe » et de l’hebdomadaire « France Football ». - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2014

Evaluation des prises de décisions arbitrales par et dans les médias au cours des quatre dernières coupes du monde de football : l’exemple du quotidien « l’Equipe » et de l’hebdomadaire « France Football ».

Résumé

Introduction « Les décisions personnelles de l’arbitre ont un rôle déterminant dans le déroulement de la rencontre, en raison même des propriétés du jeu et des lois qui le régissent, laissant à l’interprétation du juge un vaste champ d’exercice. Une partie se prête donc à de riches variations et à des commentaires passionnés sur la responsabilité, la préméditation, les motivations obscures des décisions défavorables aux siens, la corruption, la légitimité et l’arbitraire des sanctions, bref à un débat dramatisé et caricatural sur la justice ici bas » (Bromberger, 1995). La figure de l’arbitre exacerbe les commentaires et cristallise des polémiques alimentées, entre autres, par les médias. Nous proposons de présenter comment la presse sportive évalue les arbitres de football au cours d’événements stratégiques. Les coupes du monde de football sont des événements qui, par le fait de leur médiatisation, produisent un certain nombre de pratiques de réception, d’interactions sociales, de pratiques physiques et de représentations culturelles ou de nature stéréotypiques (Krieg-Planque, 2009). Sur la question de l’évaluation des arbitres posée et étudiée dans le cadre des médias, les décisions arbitrales sont centrales. Elles induisent des commentaires à « forte dimension subjective » et négative (Bessire, 1999). Méthodologie L’investigation porte sur les récits à propos des arbitres de football parus dans de l’Equipe et de France Football au cours des quatre dernières coupes du monde de football (1998, 2002, 2006, 2010). Nous avons extrait de chaque numéro les publications ayant trait aux arbitres. Nous avons ensuite trié, comptabilisé et classé ces publications. Notre corpus de travail tient compte des variables et des rapports suivants : circonstances temporelles et locales de l’énonciation, statut respectif des énonciateurs (journalistes) et des co-énonciateurs (joueur, dirigeants, entraineurs, arbitres), thème introduit. Nous avons opté pour une analyse catégorielle des énoncés (Bardin, 1977; Derèze, 2009). Cette analyse a été couplée à une analyse des évaluations (Osgood, 1966) qui permet d’apprécier la connotation positive, négative ou neutre des termes ou des jugements formulés par les locuteurs (journalistes et co-énonciateurs). Le traitement statistique a permis de dégager les tendances lourdes de la couverture médiatique et de calculer les fréquences d’apparitions des catégories thématiques et des jugements neutres, positifs ou négatifs formulés par les locuteurs. Résultats Les résultats montrent que la couverture médiatique réservée aux arbitres de football ne relève pas d’une déferlante incomparable en étendue et en intensité. L’analyse des publications à propos des arbitres révèle un haut degré d’uniformité des contenus informationnels. La couverture médiatique réservée aux arbitres au cours des quatre dernières coupes du monde de football donne lieu à des représentations de nature stéréotypiques. Les médias ont recours à des facteurs clés de réussite et à des facteurs clés d’échec (compris ici et selon la sémantique médiatique comme des erreurs d’arbitrage ou erreurs de jugement) pour évaluer les arbitres. Les prises de décisions arbitrales sont évaluées à partir de certains faits (hors jeu, tacle), des sanctions attribuées par le directeur de jeu et des conséquences des jugements des arbitres sur la rencontre ou la suite de la compétition. La question de la professionnalisation des arbitres, le système de désignation et ses enjeux géopolitiques, le recours à la technique (vidéo) constituent aussi des invariants à partir desquels sont évalués les arbitres. Ils constituent les substrats de la presse sportive et conduisent à créer un continuum entre des productions arbitrales de même nature. Les médias participent ainsi à la production de problèmes (« non nouveaux ») dans l’arbitrage et à la formation de perceptions sur l’irréductibilité de ces problèmes. D’ailleurs, les médias pensent les réformes de l’arbitrage comme des nécessités et présentent la vidéo comme un outil salvateur, la solution technique par excellence. Conclusion Il existe des thèmes centraux qui illustrent l’ensemble des débats sur les arbitres et l’arbitrage au cours des coupes du monde de football. La prise de décision arbitrale est l’objet d’un traitement médiatique dense. Elle est régulièrement remis en cause par et dans les médias. Ce traitement médiatique semble être le produit d’une société de performance généralisée et accélérée, qui n’accepte pas plus l’incompétence que la défaillance (Brohm, 2001). C’est d’ailleurs pourquoi l’idéologie technologique (Habermas, 1973) est réactivée en boucle dans le contenu de presse. La technique sert à prouver la contre performance des arbitres (réexaminer à l’aide de la vidéo) et l’injustice des décisions arbitrales mais aussi à donner l’illusion qu’elle est la seule à véritablement garantir la justice sportive.

Domaines

Education
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01076306 , version 1 (21-10-2014)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01076306 , version 1

Citer

Fatia Terfous, Julie Pironom. Evaluation des prises de décisions arbitrales par et dans les médias au cours des quatre dernières coupes du monde de football : l’exemple du quotidien « l’Equipe » et de l’hebdomadaire « France Football ».. VIIIème colloque "Football & Recherche" : La prise de décision, May 2014, Caen, France. ⟨hal-01076306⟩
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