Méthodes pour l'appréhension raisonnée d'une série de dates radiocarbone : de l'histogramme cumulatif à la modélisation bayésienne
Résumé
At the colloquium of Ambérieu-en-Bugey, twenty years ago, several presentations dealt with methodological aspects, examining in particular the questions of calibration and the analysis of dating series. During the preceding years, discussions presenting sometimes very different points of view occurred on the latter topic, and it thus seemed useful to proceed with this methodological clarification. One of the conclusions of this work was the recommendation to use weighted cumulative histograms in the analysis of a series of dates. Shortly afterwards, a small computer program - unfortunately little disseminated - made it possible to easily produce such histograms, which were then employed successfully and with interesting results, particularly for the Neolithic in southern France. At the same time, other computerised tools were developed for a similar purpose in Germany. During this same period another approach - that of Bayesian modelling - was first used in the UK. Widely used in other scientific fields, the principle interest of Bayesian statistics is the introduction of a priori information in terms of the relevance of the results obtained, thereby allowing the generation of interpretative models respecting certain constraints, for example those of a stratigraphic sequence. Although integrated by default into some calibration programs since the 1990s, the use of these Bayesian analysis tools is only just beginning to spread to France. While the results that these models could contribute are very interesting and provide very rich possibilities, it is essential to take certain precautions in order to avoid creating meaningless or over-interpreted models. On the basis of some real examples from Neolithic sites in southern France, this article presents these various techniques and methods of analysis in order to examine their respective strengths and limitations.
Lors du colloque d'Ambérieu-en-Bugey, il y a vingt ans, plusieurs communications traitèrent d'aspects méthodologiques visant notamment à aborder les questions de calibration et celles de l'analyse de séries de datations. Durant les années précédentes en effet, des discussions faisant part de points de vue parfois très différents avaient eu lieu sur ce dernier sujet et il semblait alors utile de procéder à cette mise au point méthodologique. L'une des conclusions de ce travail fut la préconisation de l'emploi des histogrammes cumulatifs pondérés pour l'analyse raisonnée d'une série de dates. Peu de temps après, un petit applicatif informatique - malheureusement très peu diffusé - permit la réalisation aisée de ces histogrammes, qui furent alors employés avec succès et intérêt, notamment pour le Néolithique du sud de la France. Parallèlement, d'autres outils informatiques étaient développés dans un but similaire, en Allemagne. C'est durant ces mêmes années qu'une autre approche commençait à être utilisé en Angleterre, celle de la modélisation bayésienne. Largement utilisées dans d'autres domaines des sciences, les statistiques bayésiennes ont pour intérêt principal d'introduire des informations a priori quant à la pertinence du résultat obtenu, permettant ainsi de générer des modèles interprétatifs respectant certaines contraintes, par exemple celles d'une séquence stratigraphique. Bien qu'intégrés par défaut dans certains logiciels de calibration depuis les années 1990, ces outils d'analyse bayésienne commence seulement à être régulièrement utilisés en France. Si les résultats que peuvent amener ces modélisations sont très intéressants et très riches de perspectives, certaines précautions d'usages s'imposent afin de ne pas créer des modèles dépourvus de sens ou surinterprétés. À partir de quelques exemples réels de gisements néolithiques du sud de la France, cet article présente ces diverses techniques et méthodes d'analyses afin d'en dégager leurs forces et leurs limites respectives.