La mise en miroir de différentes situations métropolitaines fait émerger la difficulté de penser les grands territoires contemporains au travers d'une démarche de projet capable de saisir l'ensemble comme le résultat d'un dialogue entre ses parties constitutives : coeurs denses, lisières urbaines, infrastructures, éléments naturels, pôles nouveaux... Au début du XXe siècle, les penseurs de la métropole moderne - cette nouvelle entité urbaine issue de la révolution industrielle à la fois fascinante et difficile à définir - avaient pourtant suggéré l'importance d'en comprendre l'unité à travers l'acceptation de la multiplicité et la confrontation des contraires. L'image que Georg Simmel donne de l'Homme métropolitain et de sa culture est éclairante à ce sujet : l'évolution de chaque être humain apparaît, dans son discours, comme un " faisceau de lignes de croissance ", partant dans les directions les plus disparates pour des parcours de diverses longueurs. Mais ce ne serait pas avec l'une de ces lignes de croissance, dans son accomplissement singulier, que l'homme se cultive : c'est " seulement lorsqu'elles sont signifiantes pour le développement de l'indéfinissable unité de la personne. Ou, en d'autres termes : la culture, c'est le chemin qui va de l'unité close à l'unité déployée, en passant par le déploiement de la multiplicité " [Simmel, 1911]. En transposant cette lecture de l'individu et de sa culture à ses lieux de vie et de rencontre, cette pensée sur l'unité comme déploiementde la multiplicité nous intéresse pour comprendre le sens qui sous-tend l'architecture de la grande échelle. Le projet métropolitain pourrait trouver son sens aujourd'hui dans une démarche de compréhension de l'unité par la dialectique de contrastes nés de la confrontation entre les parties. Nous essayerons de développer cette approche à partir de trois axes : l'acception " humaniste "1 liée à la notion de métropole ; les figures et les images du projet métropolitain ; la gouvernance et le projet comme philosophie de l'action.