Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, Saint-Simon et les saint-simoniens ont été soupçonnés et même accusés d'avoir importé et légitimé des thèses contre-révolutionnaires que "le(s) totalitarisme(s)" fasciste et stalinien auraient récupérées et recyclées. Indépendamment de l'anachronisme de cette projection rétrospective, le fait est que Saint-Simon et surtout ses continuateurs, tout en se situant clairement dans le camp libéral, ont pris en considération la critique conservatrice de la Révolution. C'est le cas en particulier de la proposition d'instaurer une " loi vivante " qu'incarnerait la personne du futur chef saint-simonien de l'association universelle des nations - proposition énoncée dans la Deuxième Année de l'Exposition de la doctrine de Saint-simon. C'est précisément l'un des enjeux des différends idéologiques internes qui ont fait exploser le mouvement saint-simonien en novembre 1831, par le départ massif des dirigeants et militants de sensibilité républicaine.