Les travaux des éthologues permettent de dégager la notion de "condition animale". Cette condition est caractérisée entre autres par le fait que l'animal ne se représente pas un objet, au sens strict et dans une continuité. Le rapport à l'objet et à l'environnement crée une distinction très nette entre l'homme et l'animal. Cependant, on ne peut dénier aux grands singes, une capacité d'apprentissage remarquable douée d'une inventivité toutefois restreinte à certaines situations singulières pratiques. Soumis continuellement à des stimuli, pouvant rester en alarme des heures durant, l'animal n'a pas accès à un monde de signification, au delà du monde sensible; on ne peut cependant lui dénier l'accès à un monde d'images activement construites et débouchant sur des comportements parfois situés au delà du répétitif. Une certaine inventivité certes limitée, une réceptivité au réel qui demeure pour eux fascinant et voilé, et la réalité de la souffrance animale sont des caractéristiques qui demeurent parmi les plus étonnantes d'un monde qu'il convient de ne pas chercher à rendre anthropomorphe. Enfin, l'animal ne peut être sujet de droit, il serait plutôt objet des droits qu'on lui reconnaît de par sa nature d'être vivant sensible. Tout cela tend à dire que des comparaisons trop individualisantes entre l'animal et l'homme sont vaines et vouées à l'échec - Singer va jusqu'à comparer des animaux évolués et des personnes inconscientes ou très handicapées et à leur attribuer les mêmes droits!