La recherche entreprise se centre à la fois sur les formes sociales qui relèvent de ce que l'on nomme " ségrégation ", et en particulier " ségrégation ethno-raciale ", et également sur les usages sociaux du concept de ségrégation et des notions qui en sont proches sémantiquement ou paradigmatiquement . Ce qui en constitue l'intérêt ce sont les liens entre, d'une part, les usages sociaux que permettent ces termes et les sens sociaux qu'ils portent au cours de l'histoire des réalités qu'il(s) désigne(nt) en France , et d'autre part, les formes sociales qui se constituent sous ce que désignent ces mots. La question de départ de la recherche vise ainsi à explorer pourquoi la question sociale de la ségrégation ne semble pas se construire comme " problème public " (Dewey) - un " échec à avoir une expérience publique ", (Céfaï) - comme d'autres problèmes publics (i.e. une trajectoire de problème public comme une " histoire naturelle " (Kitsuse & Spector) " atypique ") ? Quels rôles jouent les acteurs scientifiques et politiques (qui par les discours et les actions produits depuis l'après-guerre, font ainsi partie du public, définissent le public et contribuent à la construction du problème social en problème public) dans cette atypicité de problème public ? En plus de s'appuyer sur une enquête empirique de type ethnographique dans des quartiers de deux métropoles de la région Rhône-Alpes, la recherche vise à élaborer une socio-sémantique historique (Dufoix) du terme ségrégation. Il s'agit de mettre en lumière la manière dont en France se sont construits les usages sociaux que permet le concept de ségrégation à travers différentes formes paradigmatiques. En particulier à partir d'une analyse textométrique et d'une analyse de discours (analyse des formes discursives propres aux discours scientifiques et/ou politiques) d'un corpus de textes scientifiques portant sur ces questions sociales durant la période allant de l'après-guerre à aujourd'hui. La communication porte sur les questionnements que je me pose en début de recherche pour l'élaboration d'un corpus de textes. Ils portent sur la manière d'élaborer à cette étape une démarche, pas seulement méthodologique, mais épistémologique, déjà constitutive de l'interprétation du monde social. Comment par l'acte de constitution du corpus (comme production d'un ensemble de textes clôt, représentatifs d'un discours d'acteurs ciblés, dans le but de produire un traitement visant à en donner une compréhension et une interprétation) élaborer une démarche heuristique (Mayaffre), c'est-à-dire par laquelle le chercheur donne concrètement sens au corpus à travers son objet de recherche (les questions théoriques qu'il se pose, les réponses qu'il cherche, les résultats qu'il va trouver...).