Cette étude porte sur des jeunes qui ont ressenti des discriminations en raison de leur origine étrangère en France. Nous avons mobilisé une enquête qui a suivi pendant sept ans l'évolution de la situation professionnelle des jeunes sortis du système éducatif en 1998. A partir de cette enquête, nous avons construit une typologie (méthode de regroupement des cartes d'auto-organisation), complétée par une analyse économétrique. Nous cherchons à montrer en quoi le fait de se déclarer victime de discrimination peut avoir une influence sur la position professionnelle de ces jeunes adultes. En étudiant conjointement la durée d'accès à l'emploi stable et la qualité de l'insertion professionnelle, nous repérons certains liens qui différencient les trajectoires des jeunes d'origine étrangère victimes de discrimination de celles des autres jeunes : un retard dans l'accès à l'emploi stable, une moindre qualité de l'emploi ou encore un cumul des désavantages. Des entretiens qualitatifs menés auprès de certains jeunes se déclarant discriminés complètent ces résultats statistiques. Néanmoins, les résultats montrent que les liens entre les discriminations ressenties et les trajectoires ne sont pas aussi forts qu'on pourrait le penser en première analyse.