Une pièce mettant en scène la mort de Voltaire a-t-elle sa place dans un volume consacré aux représentations de sa, ou de ses, vie (s)? Oui, bien sûr, dans la mesure où les derniers moments de l'existence du "grand homme" donnent matière à un chapitre obligé de toute biographie qui se respecte. Oui encore, dans la mesure où ce qui se joue dans Voltaire Triomphant, c'est la question de l'image, de la représentation ou de la vie de Voltaire dans la France de la fin du dix-huitième siècle. Oui enfin, dans la mesure où Voltaire reste vivant durant toute la durée de la pièce, qui se clôt avec son dernier souffle, par lequel il conclut : "je meurs content, les prêtres sont déçus". Et pourtant, cette mise en scène de la mort nous indique déjà que c'est d'une double vie dont il est toujours question pour le grand écrivain : celle de son corps biologique, qui expire au moment où tombe le rideau final, et celle de sa réputation, qui constitue dès le début le véritable enjeu de la pièce, et au vu de laquelle la mort physique n'est qu'un détail relativement secondaire.