Au-delà de la rhétorique : le vrai et la fiction poétique chez Montaigne
Résumé
La façon dont la rhétorique rend compte du phénomène esthétique peut être examinée à partir de quelques passages des Essais. Comme les autres, le signe esthétique devrait pouvoir être classé du côté du nécessaire, du probable ou du téméraire, conformément aux catégories rapportées par Aristote, Quintilien et les dialectiques légales de la Renaissance. Contrairement à tous les autres signes dignes de soupçon, certains textes littéraires réunissent chez Montaigne le signe le moins certain, ou téméraire, et le jugement le plus sûr selon son principe d'appréciation, une inspiration digne du démon de Socrate. L'opinion la plus hardie peut être aussi la plus juste, par un phénomène qui conjugue les différents symptômes répertoriés par Goodman. Ainsi, la nature des métaphores produites par celui même qui juge de la qualité des figures d'autrui met en scène l'intime conviction de l'oeuvre d'art.