Émules puis sujettes de l'ordre cistercien. Les cisterciennes de Castille et d'ailleurs face au Chapitre Général aux XIIe et XIIIe siècles - Archive ouverte HAL
Article Dans Une Revue Cîteaux Commentarii Cistercienses Année : 2001

Émules puis sujettes de l'ordre cistercien. Les cisterciennes de Castille et d'ailleurs face au Chapitre Général aux XIIe et XIIIe siècles

Ghislain Baury

Résumé

The present study challenges a judgment common among historians of the Cistercian nuns, which regards their sudden appearance in the statues of the General Chapter of Cîteaux in the early 13th century as an improvement in their situation. In actual fact, the abbots of the Chapter had been extending their fields of action since the end of the 12th century and were then in the process of constructing the edifice of Cistercian law. The nuns' communities, with their poorly defined status, were therefore a problem for them until the 1213 Chapter claimed a monopoly on foundation procedures, which was belatedly accepted by Rome in 1251. This change of attitude on the part of the Cistercian monks was by no means motivated by consideration for the spiritual interests of the nuns; neither was it a response to an influx of vocations - the so-called Frauenbewegung (whose existence is in fact debatable). It is part of a period during which the legal contours of the Order were being gradually defined. In the 12th century, no endorsement from Cîteaux was necessary in order to found a community of nuns; from the 13th century onwards, the Chapter controlled the foundation procedure, and moreover, through the father-abbots, it regulated the everyday life of the communities. From mere imitators of the men's communities in the 12th century, the women's abbeys became their subjects.
La présente enquête remet en cause un jugement répandu parmi les historiens des cisterciennes, qui consiste à considérer l'apparition subite des moniales dans les décrets du chapitre général de Cîteaux au début du XIIIe siècle comme un progrès de leur condition. En réalité, les capitulants multipliaient leurs champs d'action depuis la fin du XIIe siècle et construisaient alors le droit cistercien. Les communautés féminines, au statut mal défini, leur posaient donc problème, jusqu'à ce que le Chapitre, en 1213, réclamât le monopole des procédures de fondation; Rome le lui concéda tardivement, en 1251. Ce changement d'attitude des cisterciens n'était donc nullement motivé par la prise en compte des intérêts spirituels des femmes, et ne constituait pas une réponse à un afflux des vocations, à ce Frauenbewegung dont la réalité est d'ailleurs discutable. Il s'inscrivait dans une période où se définissaient progressivement les contours juridiques de l'Ordre. Au XIIe siècle, aucun aval de Cîteaux n'était nécessaire pour fonder une communauté féminine; au XIIIe, le Chapitre contrôlait désormais la procédure de fondation, et il imposait en outre aux communautés, par l'intermédiaire des abbés-pères, des règles de vie quotidienne. Simples émules des communautés masculines au XIIe siècle, les abbayes féminines étaient devenues leurs sujettes.

Domaines

Histoire
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00824614 , version 1 (22-05-2013)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00824614 , version 1

Citer

Ghislain Baury. Émules puis sujettes de l'ordre cistercien. Les cisterciennes de Castille et d'ailleurs face au Chapitre Général aux XIIe et XIIIe siècles. Cîteaux Commentarii Cistercienses, 2001, t. 52 (fasc. 1-2), p. 27-60. ⟨hal-00824614⟩
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