En 1779, le bibliothécaire de l'abbaye bénédictine de Saint-Mihiel rédige un imposant catalogue de la bibliothèque, dans lequel les bibles, imprimées et manuscrites, occupent une place importante et font l'objet d'une minutieuse description. La comparaison de ce catalogue avec l'actuel fonds bénédictin de la Bibliothèque municipale de Saint-Mihiel permet de retrouver près de la moitié de ces ouvrages. Ces bibles se caractérisent par leur variété (bibles en français, en latin, en anglais, en suédois...), la présence des principales éditions savantes et polyglottes de l'âge moderne, l'importance de l'héritage humaniste et l'existence de manuels pratiques (lexiques, dictionnaires, grammaires) pour faciliter l'étude de ces textes. Cette abondance a plusieurs explications. Saint-Mihiel, comme nombre de grandes abbayes vannistes, a été le lieu d'études scripturaires intenses au début du XVIIIe siècle. La curiosité d'abbés et de bibliothécaires, tel Ildephonse Cathelinot, a favorisé aussi l'enrichissement de la bibliothèque, ainsi que la présence d'un milieu bibliophile favorable dans l'entourage des moines, avec au premier chef le Cardinal de Retz au temps de son exil à Commercy. Enfin, la lecture de la bible est requise quotidiennement chez les bénédictins. Diversité des bibles, diversité des usages : la catégorie des bibles est symptomatique des pratiques de lecture dans l'univers régulier.