L'absence du geste de pointage, et particulièrement de celui que l'on classe dans la catégorie des " proto-déclaratifs " (cf. Bates, 1976 ; Bates et al, 1979), fait partie des troubles caractéristiques de l'autisme selon les classifications internationales (cf. DSM-IV, CIM-10) ainsi que des signes à observer dans le cadre d'un repérage précoce (voir le rapport de l'HAS sur le diagnostic d'autisme). Ce déficit serait lié aux difficultés des enfants autistes à avoir des conduites d'attention conjointe (Adrien, 1993). Le pointage est l'une des manifestations de la capacité fondamentale pour le développement social et linguistique qu'est l'attention conjointe. Or, chez l'enfant autiste, il est gravement déficitaire en termes de fréquence (pour Guidetti et al (2004), si les gestes sont identiques chez les enfants typiques et les enfants autistes, ils sont moins fréquents chez ces derniers) et de réalisation : variations plus restreintes au niveau de ses formes et de ses fonctions et brusque disparition après 2 ans (Bernard et al, 2005). La description précise de ce geste dans le cas de l'autisme constitue un intérêt clinique pour la recherche de signes précoces sur les troubles du spectre autistique et pour la question du rôle du pointage dans la construction de la communication et du langage. Nous rejoignons l'idée selon laquelle l'étude des gestes antérieurs et concomitants à l'émergence du langage peut éclairer la pratique des cliniciens (Capirci et al, 1996). Il s'agira donc dans ce chapitre d'examiner, d'une part, la valeur prélinguistique du pointage à travers les études réalisées sur ce geste, et, d'autre part, d'expliquer ce que recouvre son déficit chez l'enfant ultérieurement diagnostiquée autiste de notre recherche et chez les enfants autistes en général.