Le cinéma a ceci de particulier - c'est une hypothèse - qu'il permet la convergence de la double face, anthropologique et théologique, du sacré : à la fois concept analytique de l'étude des faits religieux et forme de mystère qui oriente la vie du spectateur . Dans l'Age du cinéma, André Breton rajoutait " Il est une façon d'aller au cinéma comme d'autres vont à l'église et je pense que, sous cet angle, tout à fait indépendamment de ce qui s'y donne, c'est là que se célèbre le seul mystère absolument moderne. "1 tandis qu'en 1928, Jean Epstein écrivait lui aussi, dans Photo-ciné : " Le cinéma... met du dieu partout. Devant moi, à Nancy, une salle de trois cents personnes gémit à voix haute en voyant à l'écran un grain de blé germer. Soudain apparu, le vrai visage de la vie et de la mort, celui de l'affreux amour, arrache de tels cris religieux. Quelles églises, si nous en savions construire, devraient abriter ce spectacle où la vie est révélée. Découvrir inopinément, comme pour la première fois, toutes choses sous leur angle divin, avec leur profil de symbole et leur plus vaste sens d'analogie, avec un air de vie personnelle, telle est la plus grande joie du cinéma. "2 Dès 1921, dans Bonjour Cinéma, Jean Epstein exprimait en lettres majuscules sa pensée : " OR, LE CINEMA EST MYSTIQUE ".