Alors qu'avec True Grit (2010), leur remake de Cent dollars pour un shérif (Henry Hathaway, 1969), Joel et Ethan Coen viennent de réaliser leur meilleur score au box-office américain, la revue Eclipses se propose de revenir sur la carrière prolifique et passionnante des deux frères les plus connus du cinéma américain contemporain. Auréolés, entre autres, d'une palme d'or au festival de Cannes avec Barton Fink en 1991 et de l'oscar du meilleur film pour No country for old men en 1998, les frères Coen sont entièrement complémentaires l'un de l'autre, indépendants du système et des auteurs complets puisqu'ils écrivent, produisent, réalisent et montent leurs films eux-mêmes. De ce point de vue, ils sont une exception dans le cinéma américain .Il est aujourd'hui loin le temps, au début des années 80 pour être exact, où les deux hommes parcouraient l'Amérique avec une bande démos de deux minutes sous le bras afin de convaincre d'éventuels investisseurs de financer leur premier long-métrage, Blood Simple (Sang pour sang, 1985). Ayant réuni 750 000 dollars de la part d'investisseurs privés, les frères Coen ont commencé leur carrière en s'autoproduisant et si aujourd'hui, ils bénéficient de la puissance économique et logistique des studios qui les distribuent, ils ont conservé leur autonomie au sein du système, développant des projets en toute liberté, possédant même le fameux final cut qui leur donne le dernier mot sur le montage de leurs films.