Le XVI^e siècle constitue un moment essentiel dans l'histoire des formes narratives en France. Non seulement de nouveaux genres apparaissent, comme le récit utopique, la nouvelle à cadre et un type de roman que nous proposons de qualifier d'" humaniste ", mais la circulation du livre imprimé modifie radicalement les modes de composition et de réception des récits. Il s'avère ainsi que les romanciers accordent une importance grandissante à la dispositio de la narration, tout spécialement à son ouverture et à sa clôture. Nous analysons la fonction de ces espaces textuels clé dans un corpus significatif de romans de la Renaissance : les cinq Livres de Rabelais, les Angoysses douloureuses d'Hélisenne de Crenne, la Mythistoire barragouyne de Guillaume Des Autels, l'Amant resuscité de Nicolas Denisot et Alector de Barthélemy Aneau. De toute évidence, la correspondance qui s'établit ici entre les frontières du récit pose le problème de la signification de l'histoire. À l'ouverture des textes, le lecteur est invité à se lancer dans une quête du sens de l'action ; mais cette invite est parfois clairement ironique. Du coup, son enquête n'aboutira pas aux mêmes conclusions selon que la fin se révèlera le lieu de dévoilement du sens des péripéties des héros ou qu'elle suspendra le telos des aventures. Deux tendances semblent donc se faire jour dans la production romanesque humaniste : une forme de récit téléologique et, pour reprendre la formule de T. Cave, une forme " sceptique " qui, déjà, met en cause la puissance herméneutique de la narration.