Ce travail s'attache à montrer en quoi Rimbaud, en cela conforme à son époque, propose une virulente critique de l'état du monde socio-politique comme littéraire; mais il se montre aussi sensible aux nouveautés technologiques du temps, et aux mutations de la perception offertes à l'esprit par les procédés techniques liant saisie de l'image et mouvement. Les vertiges rimbaldiens reposent alors sur ce mouvement d'affirmation péremptoire d'un positionnement critique quii relève du manifeste, aussi bien politique que poétique, mais qui participe à sa façon aux hypostases du Moi qu'il s'agit pourtant de mettre à bas; et sur un mouvement concomitant de combat contre cette posture de manifeste qui suppose un ethos affirmé; et va vers une refondation, dans une perspective où le moi constitué se dissout dans la rapidité du mouvement et la dynamique de l'affect. Des matrices textuelles offrent leurs possibilités déformantes à qui est désireux de dérégler tous les sens pour fixer des vertiges : impersonnalité parnassienne, portée critique du regard naturaliste, goût pictural pour la caricature, reprises, déplacées, en une spirale de contestation qui fait du centre interprétatif que l'on croit déceler dans le texte un repère lui-même instable.