Animée par la volonté de réaliser une translatio studii et imperii, la Renaissance place l'écriture de l'histoire au cœur de ses préoccupations. L'historiographie se développe autour d'une revendication d'objectivité du témoignage. Cependant, dans le même temps, de grands écrivains se réclament du principe aristotélicien qui confère à la poésie et à la fable un pouvoir supérieur à celui de l'histoire. Ronsard théorise ainsi le rapport du poète et de l'historien à propos de la figuration de l'histoire en prônant une mimésis du vraisemblable dans laquelle les images tiennent une place essentielle. L'article cherche à expliciter les raisons de l'importance de ces images, à comprendre la conception de l'histoire que leur fabrication permet de mettre en œuvre. Pour cela on se référe essentiellement à " la harangue du duc de Guise aus soudards de Metz ", aux élégies de 1560, aux discours de 1562-1563 et à la Franciade. Transformation de la réalité en artéfact dans une poétique de l'imitation, l'image apparaît comme la révélation d'une vérité invisible, comme une réactualisation émotionnelle efficace, comme un accès à une conception de l'histoire qui oscille entre translatio réussie et méditation mélancolique. Elle est bien le support d'une philosophie poétique du temps.