Le XIXe siècle français est un moment privilégié de l'héroïsation de Marie Stuart, reine d'Écosse. Au-delà des inépuisables controverses sur son règne et sa personnalité, trois thèmes peuvent être dégagés. La beauté de Marie Stuart, inaltérable, renvoie à sa féminité. Mais cette qualité essentielle, insuffisante pour permettre à la reine d'imposer son empire, est menacée dans l'exercice du pouvoir. Élisabeth, " plus reine que femme " apparaît ainsi comme un être hybride à l'identité sexuelle douteuse. A contrario, l'action politique de Marie Stuart, " plus femme que reine ", est niée par les historiens masculins. Entre l'être et l'agir, le dilemme de l'héroïne trouve sa résolution dans le malheur inhérent à sa féminité, amplifié par son échec politique. Mais cette conclusion est contestée par des femmes, qui proposent du mythe de la reine d'Écosse une interprétation plus optimiste. Ainsi se dessinent deux portraits contradictoires de Marie Stuart, selon le genre.