Dans ce pays profondément chrétien qu'est la Papouasie Nouvelle-Guinée, les Ankave font figure d'exception. Depuis 1972, plusieurs représentants de l'Église luthérienne ont été envoyés dans la vallée de la Suowi afin de convertir ses habitants mais aucun n'est resté plus de deux années consécutives. Au cours de la décennie 1990, l'un d'entre eux aurait pu parvenir à introduire durablement le message chrétien, notamment parce qu'il enseigna la lecture du Tok Pisin à un grand nombre de villageois, mais il eut un comportement tellement irrespectueux de la culture locale et des hommes qui la défendaient qu'il fut chassé définitivement et que ses successeurs furent contraints de quitter la vallée aussitôt arrivés. Cette situation perdurait en 2002. Le présent article cherche à comprendre la réticence des Ankave à accueillir durablement les hommes d'église en leur sein. Elle tient à la fois à des facteurs extérieurs et à des raisons liées à l'histoire de leurs pérégrinations sur plusieurs siècles à partir du lieu originel des Anga.