Que fait-on de la relation interpersonnelle entre enseignant et élève, entre professionnel et adolescent au collège ? Quels effets peut avoir la gestion de l'interaction didactique conflictuelle par l'enseignant sur la construction de la relation interpersonnelle enseignant / élève(s) ? Nous répondrons à ces questions en rendant compte d'une recherche conduite dans deux collèges inscrits en Z.E.P. de Vitrolles et Perpignan et dans un collège dit favorisé de Marseille. A partir d'un corpus constitué d'une dizaines d'heures d'enregistrements audio, la gestion par les enseignants des énoncés et interactions potentiellement conflictuels survenant dans le cadre de l'interaction pédago-didactique (réprimandes, questionnements, ...) et leur impact sur la conduite de l'interaction didactique sont interrogés. L'analyse a pour objet les variables structuration de l'échange didactique et élaboration de la relation interpersonnelle pour l'étude desquelles des indicateurs sont retenus (séquences de travail et parasitaires, atteintes portées à la face et (non) réaction, clarté et audibilité des énoncés, niveau sonore, posture élève/adolescent, posture enseignant/interlocuteur lambda, distance relationnelle). Leur mise en correspondance vise à permettre de comprendre les stratégies discursives et de voir dans quelles mesures la relation interpersonnelle enseignant/élèves altère ou non la construction de l'échange didactique. Les effets de la gestion de la relation interpersonnelle par l'enseignant sur l'interaction pédago-didactique seront donc questionnés. L'analyse s'inspire de travaux en pragmatique et en linguistique interactionnelle et a pour objet principal de décrire les relations qui se construisent, par le biais de l'échange verbal entre les interactants. En tant que linguiste et psychologue, et conformément à nos travaux antérieurs (Romain, 2005 ; Tartar-Goddet 2006), nous croiserons nos regards sur l'analyse des interactions interpersonnelles de type « conflictuel » et sur leurs effets sur l'apprentissage. Afin d'analyser ces pratiques discursives, les travaux de Kerbrat-Orecchioni (1996) et de Filliettaz (2008) seront convoqués.