Il s'agit d'envisager l'impur comme ce qui doit être éloigné ou contenu, ce qui est “exclu du Temple” (pour reprendre les termes de Kristeva), et qui, depuis son exil, fait résurgence, vient hanter le texte sous la forme d'impuretés qui discontinuent le récit et introduisent une altérité dans ce qui pourrait (voudrait?) être un. La réflexion prend comme point de départ une lecture attentive de la première page de Jacob's Room, où j'examine le surgissement d'une impureté qui trouble la vue et inscrit la faille d'un indéchiffrable au cœur du lisible : “quelque chose” fait effraction dans le récit, en provenance d'un ailleurs qui ne peut être identifié que rétrospectivement. A partir de cette étude ponctuelle, j'examine les figures d'inclusion et d'exclusion dans le roman (forteresses, chambres, boîtes), ainsi que les modalités et l'enjeu d'une mise en réserve de l'impur. Puis, en envisageant la place qui est celle de Jacob dans le roman, je suggère qu'il est précisément dans une situation d'altérité qui fait de lui un exclu de la représentation : il est l'inconnue de toute représentation, celui qui pose question et inquiète le récit. Cela me conduit à m'interroger sur l'origine de cette “différence” de Jacob : quel est l'écart de conduite qui l'a mis en marge, l'a fait basculer dans le camp de l'impur ? Finalement, je tente de mettre à jour un fonctionnement anamorphotique du texte, par lequel le spectre de la mort se déploie dans tout le roman en un réseau souterrain qui se manifeste de place en place par des dissonances, impuretés qui font trembler la surface et troublent la lecture et traces figurales d'un abject qui paraît sans pour autant se laisser regarder en face. L'irregardable est ainsi rendu regardable par une pulvérisation spectrale dont l'image vive n'accède à la lisibilité que depuis un point de vue oblique, par un regard rétrospectif.