Au cours des années 1990, un espace intermédiaire entre "Social" et "Art" a été défriché dans les banlieues populaires et cultivé au service de différents projets, par les travailleurs sociaux, les artistes en résidence comme par les militants et les associations locales... L'objectif de cet article est d'interroger les enjeux des déclinaisons contemporaines de l'action culturelle d'un point de vue anthropologique. C'est-à-dire de confronter les différents points de vue des acteurs qui se trouvent contextuellement engagés sur ce terrain afin de saisir les logiques de sens qui sont à l'oeuvre. Dans un premier temps nous exposerons la manière dont différents acteurs s'opposent au sujet de la définition de la culture et de la politique culturelle à Vaulx-en-Velin. Nous verrons que l'enjeu de ces conflits d'interprétation est la mise en ordre symbolique de la cité -comment se représente-t-elle dans son unité et sa diversité ? Dans quelle image choisit-elle de se reconnaître ? Dans un deuxième temps, nous verrons comment la politique qui a été menée dans le cadre de la Politique de la Ville, autour des "Cultures Urbaines" constitue une tentative de dépassement, sur le terrain culturel, d'une certaine conception de la laïcité. Nous analyserons enfin ce que cette expérimentation sur la voie d'une "politique de reconnaissance" a engendré au niveau local. Dans un double mouvement nous verrons ainsi comment la culture constitue aujourd'hui un espace symbolique sur lequel se renégocie de manière conflictuelle la définition de l'espace commun...