L'analyse pollinique de la tourbière de Roussy, située dans la partie occidentale du Massif du Cantal (France), revêt un intérêt tout particulier dans la mesure où cette zone du Massif central, n'avait jamais été explorée auparavant. Elle révèle une dynamique de la végétation qui démarre à l'Allerod. Globalement bien inscrite dans le cadre paléobotanique défini par les études antérieures (Beaulieu et al , 1988), cette analyse présente plusieurs particularités importantes pour la compréhension de la colonisation de ce massif par les différentes formations végétales : une participation effective de l'orme à la végétation régionale dès le Préboréal, une expansion progressive du noisetier avant son maximum du Boréal, un piètre développement du sapin. . . Réalisée dans un cadre pluridisciplinaire (études archéologiques et historiques), cette analyse a permis la construction d'un modèle de gestion agropastorale des environs de Roussy. Hormis une première trace d'anthropisation à rapporter à la toute fin de l'âge du Bronze ou au Hallstatt, la particularité de l'anthropisation à Roussy est un maintien relativement tardif de la hêtraie en dépit d'une présence agro-pastorale clairement attestée. Ce n'est que posténeurement au 1er siècle de notre ère qu'une véritable emprise agricole est doublée d'un recul irréversible du domaine forestier. Les périodes successives dévoilent une pression anthropique soutenue mais discontinue. En parallèle, une recherche de nouveaux marqueurs geochimiques de l'anthropisation a été conduite Elle repose sur l'étude des teneurs en éléments minéraux (P, K, Ca et Mg) dans les sédiments.