L'analyse de discours du côté de l'histoire, telle que nous en décrivons la mise en place ces trente dernières années, accorde dès le départ une place importante à la linguistique et à ses méthodes. Cependant la génération des historiens du discours des années 1990, certes peu nombreuse, prend ses distances avec la linguistique dans un souci de mieux insérer l'approche discursive au sein de la discipline historienne. Nous nous interrogeons alors sur les bénéfices réels d'une telle évolution, en particulier vers l'écriture de l'histoire. Nous insistons sur les risques, par cette démarche, de gommer la dimension interprétative de l'analyse de discours, et au-delà sa contribution à la quête de l'émancipation humaine. Il nous semble alors plus bénéfique d'insérer l'approche de l'historien du discours dans une histoire langagière des concepts susceptible de valoriser la dimension réflexive et intentionnelle des langages en contexte.