Les tsunamis représentent des crises morphogéniques affectant l'interface terre-mer et impliquant en quelques minutes l'érosion, le transport et le dépôt d'importants volumes de sédiments côtiers. La Baie de Lhok Nga, située à l'ouest de la ville de Banda Aceh, a été dévastée par le tsunami du 26 décembre 2004, qui a atteint au sud de la baie l'altitude exceptionnelle de 51 m a.s.l., la seconde et plus haute vague mesurant 25-30 m d'amplitude à la côte. En complément des travaux menés depuis deux ans à terre, portant sur la reconstitution du tsunami et sur son impact morpho-sédimentaire, une grande partie de la baie (17 km²) a été couverte en septembre 2006 à l'aide d'un sonar à balayage latéral de marque EdgTech type DF 1000 (16 profils nord-sud de 5 km à une profondeur < 35 m). L'analyse des réponses acoustiques permet de différencier plusieurs provinces de réponses acoustiques, telles que des surfaces rocheuses, le tombant d'un récif frangeant à l'est, des rides de sables métriques à décamétriques à orientation N-S, des étendues de sable fin parsemées de rides plus grossières. La partie sud de la baie est caractérisée par un panache de débris divers (arbres, débris d'habitations, véhicules etc.), dont la densité augmente à l'approche de la côte, d'ouest en est. Leur répartition entre la rivière de Lhok Nga et la cimenterie correspond à une zone où le runup du tsunami a été stoppé très rapidement par un versant abrupt, limitant ainsi le transport des débris dans les terres. Le flux de retrait (backwash) était donc exceptionnellement chargé en débris, tandis que dans la partie centrale de la baie, ceux-ci ont été déposés par le runup jusqu'à plus de 6 km dans les terres. Outre cet exemple, cette étude propose de nouvelles idées à propos de l'influence du contexte morphologique côtier sur l'impact morpho-sédimentaire des tsunamis et sur l'interprétation des dépôts de paléo-tsunamis onshore et offshore.