Ce travail explore les savoirs paysans en lien avec l'inconstance des saisons des pluies et les stratégies d'adaptation. Il vise à décrire les indicateurs utilisés par les agriculteurs dans la prédiction et la caractérisation des saisons des pluies et de leurs évolutions. Il s'appuie sur une série de données collectées dans huit communes agricoles de la région de Zinder. Dans chaque commune, 20 personnes ont été échantillonnées sur la base d'un minimum de 30 ans d'âge. Les résultats mettent en évidence l'utilisation, par les agriculteurs, des référentiels atmosphériques ou environnementaux pour prédire le début, la fin et la productivité des saisons. L'approche de la saison pluvieuse se reconnait à travers l'orientation vers l'Est de la direction des vents, l'occurrence des vents tourbillonnaires ou l'arrivée des cigognes par le Sud. La fin de la saison s'annonce par l'occurrence des nuages 'propres' appelés localement 'Hadarin kaka' ou la feuillaison du Faidherbia albida. Les paysans sont marqués par la variabilité interannuelle des saisons qui se caractérisent de nos jours par des débuts tardifs, des fins précoces, d'années très humides suivies d'années très sèches...D'autres indicateurs sont, par ailleurs, utilisés pour prédire la productivité des saisons. Ainsi, l'arrivée massive des colonies d'oiseaux et l'emplacement du nid de Oena capensis dans les parties basses des arbres sont interprétés comme des indicateurs d'une bonne saison. A l'inverse, le développement de feuillage par les parties basses des arbres et les séquences sèches intra-saisonnières sont perçus comme des mauvais présages d'une saison. L'intégration de ces savoirs constituerait un bon outil d'adhésion participative des paysans dans la gestion des risques climatiques et environnementaux.