Le présent article propose d’approcher de plus près les accueillants de la fin des années 1960 ; de tenter de retracer l’action de ces hommes et ces femmes qui ont arpenté des gares et des trains, de retrouver des visages, de les écouter nous raconter leur quotidien de l’hospitalité. Les accueillants en gare n’étaient pas des bénévoles ; des pièces administratives liées à des demandes de financement de salaires et des charges l’attestent même s’ill y en a certainement eu. Ils étaient employés, le plus souvent à mi-temps, par le Comité bien qu’aucun contrat de travail n’ait été retrouvé. À partir du début des années 1970, le réseau d’accueil du Comité Lyautey en gare permet de prendre en charge les Portugais dès le passage de la frontière franco-espagnole à Hendaye, de les accompagner dans les trains jusqu’à Paris où dans chaque gare des agents étaient là pour les accueillir et les guider jusqu'à leur destination. Il existe une antenne à l’aéroport d’Orly dont nous ne parlerons pas spécifiquement mais dont les problématiques sont proches. Les agents rédigent des rapports qui sont présentés lors des assemblées générales du Comité Lyautey, nous possédons quelques informations sur leurs parcours professionnels mais leurs compte rendus sont explicites sur leurs motivations, leurs activités en gare et la définition qu’ils se font du premier accueil. Initié dans un esprit paternaliste, organisé par un entre-soi bienfaisant, ce premier accueil est « bricolé » au jour le jour par des personnes puisant dans leur charisme et le bon sens pour construire une hospitalité empirique dans des gares du territoire français.