Dictions archéologiques - Archive ouverte en Histoire etPhilosophie des Sciences et des Techniques Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2011

Dictions archéologiques

Résumé

" L'archéologie appartient à la grande famille des sciences humaines et ses finalités sont de comprendre les sociétés du passé. En ce sens, elle ne se distingue guère de l'histoire, et plus encore, elle peut être considérée comme une discipline historique. " (A. Lehöerff ). Comme nombre d'éditoriaux de revues archéologiques, d'introductions à des manuels universitaires, ce texte, paru dans un guide des méthodes de l'archéologie destiné à des étudiants de premier cycle, de classes préparatoires, à un " public motivé " ou " qui souhaite s'initier à l'archéologie ", sacrifie à la définition préalable : l'archéologie est une discipline, plus précisément une discipline historique. Clôture semble ainsi faite d'un espace qui, au moins provisoirement, ne se discute pas, " toute discipline se pose comme circonscrite " écrit Judith Schlanger.Tout semblerait donc dit et il n'y aurait nul besoin d'y revenir. Pour autant, un séminaire conduit avec Jean Louis Fabiani, nous a conduit à une vision quelque peu différente des espaces de l'archéologie. Des archéologues, explicitant et décrivant leurs pratiques, y ont fait retours critiques ou archéologiques sur l'histoire et l'épistémologie de leur " discipline ", des anthropologues ou des sociologues ont fait état de leurs travaux sur l'histoire de catégories empruntées par l'archéologie ou sur des épreuves localisées de validation d'objets archéologiques. Différents niveaux de généralité ont été ainsi travaillés, de la " discipline " en général à l'objet particulier. Ces interventions nous ont conduits à nous interroger sur le régime disciplinaire de l'archéologie et de ses savoirs i.e. l'usage de la notion de discipline pour penser l'archéologie et le régime d'existence de ses savoirs. Celles des archéologues constituent la matière première de cette interrogation et la matière principale de ce texte, appuyées quelquefois sur d'autres de leurs productions textuelles, convoquant d'autres auteurs, agrégeant et télescopant parfois des interventions. Bref, plus particulièrement, il s'agit d'appréhender et de revenir sur ce séminaire comme dispositif de phonation, certes incomplet et situé, de l'archéologie comme discipline c'est-à-dire de l'archéologie comme " un mécanisme complexe pour rendre les mondes capables d'écrire ou de parler, comme une alphabétisation générale des entités muettes " (Latour). Cette mise en capacité de parler étant d'ailleurs l'un des buts revendiqués de l'activité archéologique, par exemple : " L'archéologie ne se fait plus seulement avec des objets et des murs mais avec le moindre vestige que les techniques de laboratoire sont capables de faire parler. " (Lehöerff et Giligny) L'analyse de ces descriptions de la distribution de la parole se fera ici selon deux axes. Le premier est construit autour de la notion de configuration, entendant par là la combinaison d'une situation, de personnages et d'une épreuve. Cette notion permet de saisir une situation concrète de qualification ou de requalification de personnages humains et non-humains à l'aide d'une épreuve qui leur est assignée. Elle autorise la lecture des opérations effectuées par les locuteurs au cours du séminaire. Le second relève de la métaphore spatiale et plus particulièrement de la notion d'emplacement défini par Michel Foucault comme relations de voisinage entre point et élément (Foucault). Dans ces relations de voisinage, il est loisible de se placer, d'adopter un point de vue, de choisir parmi les voisins les bons et les indésirables, de les inviter, de prendre pension chez eux, etc. Avoir des voisins suppose aussi un lieu propre à partir duquel construire son voisinage, un placement (Lazzarrotti) à partir desquels les considérer et les qualifier.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00702623 , version 1 (30-05-2012)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00702623 , version 1

Citer

Noël Barbe. Dictions archéologiques. Philippe Boissinot. L'archéologie comme discipline, Editiosn du Seuil, pp.235-263, 2011. ⟨halshs-00702623⟩
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